Françoix-Xavier Hautreux, « Les supplétifs pendant la guerre d’Algérie ». Ceux qui n’ont pas été victimes d’exécutions individuelles ou collectives ont été employés dans le cadre de travaux forcés au déminage des routes et des champs, en particulier dans les zones frontières. [34] Jean-Marie Robert, op. [35] Pour sa part, Mohand Hamoumou, à partir des mêmes estimations concernant l’arrondissement d’Akbou, en retenant les chiffres de 1 000 à 1 500 morts par arrondissement, aboutissait à une fourchette allant de 72 000 à 108 000 morts, et estimait entre 100 000 et 150 000 le nombre de morts durant ces massacres. D'anciens harkis achèvent l'installation d'un des camps d'accueil à Vanvey en Côte-d'Or le 7 fevrier 1963. » [2]. Les anciens supplétifs sont considérés par le gouvernement globalement comme un groupe inadaptable à la société française, risquant ainsi de devenir une charge, pouvant même être récupérés par l’OAS qui poursuit sa guerre car opposés aux Accords d’Évian. D’autres étaient bénévoles, comme les hommes des groupes d’autodéfense formés dans les villages. Le 29 juin 1962, à l’Assemblée nationale, le ministre d’Etat chargé des affaires algériennes, Louis Joxe, confirma publiquement l’existence des directives gouvernementales tendant à limiter le rapatriement en France des harkis et de leurs familles, favorisé, clandestinement, par certains officiers et sous-officiers choqués par l’abandon des supplétifs. Ils ont connu une intégration très difficile en France, à la fois assimilés à des immigrés et rejetés par les immigrés. Avec la victoire de Ben Bella et Boumédiène en septembre 1962, une certaine stabilité politique s’installe aboutissant à une accalmie dans les massacres durant le mois de septembre. Les populations désignées aujourd’hui comme « harkis » ou « Français musulmans » correspondent à l’ensemble des musulmans rapatriés qui se sont battus du côté de la France pendant la guerre d’Algérie, ainsi qu’à leurs descendants, soit une population évaluée à environ 400 000 personnes. Environ 60.000 Harkis parviennent toutefois à monter sur les bateaux pour la métropole, aux côtés des pieds-noirs, rapatriés d'origine européenne. [4] Jean-Jacques Jordi, Mohand Hamoumou, Les harkis, une mémoire enfouie, Paris, Autrement, 1999. Pour que les familles s'installent dans des villes voisines l'Etat français leur donnait 10 000 francs. LE TRAVAIL DES FEMMES (6/6) - L'armistice signé, les hommes rentrent et reprennent le travail. D’après les renseignements recueillis, on peut cependant estimer à plusieurs centaines le nombre d’anciens supplétifs massacrés[32].». [26] Mohand Hamoumou, Et ils sont devenus harkis, Paris, Fayard, 1993, p. 240. Circulaire de la Wilaya 5. Pendant une dizaine d’années, à partir de l’indépendance de l’ Algérie, les gouvernements successifs ont paré au plus pressé : loger dans d’anciens camps militaires (Larzac, Bias, Bourg-Lastic, Rivesaltes, etc.) Description des massacres dans les Aurès, Aïn-M’Lila, Vallée de la Soummam, Bordj-Ménaïel-Tzi-Ouzou. » in Fatima Besnaci-Lancou, Gilles Manceron (sd). Vous pouvez modifier vos choix à tout moment dans vos paramètres de vie privée. L'armée française les a en effet désarmés, et dés avril, des massacres ont été commis sans que les autorités françaises n'interviennent. CSFAFA, État-Major interarmées, 2e bureau, Fiche n° 3245/CSFAFA/EMI/2/O.I./S/ du 13 novembre 1962. [29]Charles-Robert Ageron estime à environ 7 000 prisonniers en 1962 (2 000 dans les prisons civiles, 2 000 détenus par l’armée algérienne, et 2 000 à 3 000 détenus par diverses autorités) et sûrement un peu plus par la suite, Charles-Robert Ageron, « Le drame des harkis, mémoire ou histoire », in Vingtième siècle. Gilbert Meynier considère que quelques milliers de harkis ont été massacrés en 1962, en précisant que « des évaluations officieuses de militaires français donnèrent 6 000 à 7 000 harkis tués »[37]. Selon le service central des rapatriés, environ une vingtaine de milliers d’anciens supplétifs, ainsi que les membres de leurs familles ont effectué la déclaration recognitive de nationalité française, néanmoins le nombre de réfugiés qui ont conservé la nationalité algérienne est inconnu, ainsi que celui de ceux qui se sont insérés dans les flux d’immigrés algériens. XXe siècle, n°42, 1994, p. 3-16 ; «Supplétifs algériens de la guerre d’Algérie». [31] SHD/AT 1 H 1785/3. » Harkis: François Hollande a-t-il raison de reconnaître la responsabilité de la France? n’évoque pas les musulmans pro-français qui se retrouvent sans aucune protection. À l’attention d’Alexandre Parodi, vice-président du Conseil d’État. Il apparaît que les massacres d’anciens supplétifs se sont déroulés en quatre phases principales, phases d’ailleurs confirmées par le général de corps d’armée de Brébisson, commandant supérieur des forces armées françaises en Algérie à ce moment, dans un rapport détaillé daté du 21 juin 1963 au cabinet du ministre des Armées[21] : des Accords d’Évian le 18 mars 1962 au scrutin d’indépendance le 3 juillet 1962 ; de juillet à septembre 1962, durant la vacance du pouvoir et la guerre civile marquée par l’éclatement du FLN et de l’ALN en deux coalitions rivales ; du mois d’octobre 1962 où s’installe le premier gouvernement algérien jusqu’au premier trimestre 1963 (phase marquée par une violente reprise des massacres) ; et enfin, jusqu’en 1964, une quatrième phase marquée par des massacres sporadiques et circonscrits. L'Honneur des Harkis, nous sommes nombreux à l'avoir reconnu depuis que la France métropolitaine a eu le front d'engager ces soldats"indigènes" dans les rangs d'une Armée meurtrie par la trahison subie en Indochine. De la violence révolutionnaire à la violence d’État, Il apparaît que les massacres d’anciens supplétifs se sont déroulés en quatre phases principales, phases d’ailleurs confirmées par le général de corps d’armée de Brébisson, commandant supérieur des forces armées françaises en Algérie à ce moment, dans un rapport détaillé daté du 21 juin 1963 au cabinet du ministre des Armées. Au sein même de l’armée française, ils totalisent, À côté de ces harkis, il faut ajouter les soldats musulmans de l'armée régulière, (appelés, engagés, militaires d'active, appelés aussi, total, durant cette guerre, l’armée française a inscrit dans, ntraînement de harkis au camp de Collo à 300 km d'Alger - DALMAS/SIPA). Vous les avez assez abusés.Leur drapeau est brûlé,Depuis qu'ils sont devenus vos alliés !Et, pour toute reconnaissance50 ans d'indifférence !Des maux d'histoire passés sous silenceDémocratie à outrance Enfin, pour les récompenser, Quelques indemnisationsPour un lourd tribut versé à votre nation.Au nom d'une guerre viciée,Contre une indépendance justifiée.La Liberté des autres est-elle sans valeur ?Où est donc votre sens de l'Honneur ? Ces différentes sources, croisées avec la presse française et algérienne et les témoignages recueillis depuis, permettent de préciser sensiblement certaines situations locales. qui poursuit sa guerre car opposés aux Accords d’Évian. [46] CAC 19920149/5. Reste que les administrations du nouveau pouvoir sont tenues de refuser toutes pièces administratives qui permettraient à des anciens supplétifs de quitter l’Algérie pour la France ; les ports, aéroports et gares sont surveillés, en Algérie comme en France, par l’intermédiaire de la Fédération de France du FLN ; leurs déplacements sont limités à leur retour dans leur village et placés sous surveillance, des listes d’anciens supplétifs sont établies[25]. Il y avait ainsi recensé une cinquantaine de tués et environ 750 emprisonnés. À ce moment, enlèvements, assassinats, emprisonnements dans des camps d’internement[27] qui avaient souvent l’apparence de mouroirs se sont multipliés. Mohamed Harki, « La comparaison avec la collaboration en France n’est pas pertinente », in Fatima Besnaci-Lancou, Gilles Manceron (sd). Ils mettent en évidence une extrême diversité de situations locales et régionales. La question est claire tant pour le gouvernement que pour l’État-major des forces françaises en Algérie. cit., p. 49-50. L’affirmation selon laquelle tous les harkis furent « volontaires » appelle des nuances. Bilan de la visite du ministre algérien de la Justice qui s’est déroulée à Batna le 14 juin 1963. Une note de 1963 atteste d’ailleurs que le village étant constitué majoritairement d’anciens supplétifs, les représailles se sont essentiellement orientées vers leur marginalisation[48]. Archives du CNMF, « Note sur les massacres de harkis dans l’arrondissement d’Akbou en 1962 », note rédigée par Jean-Marie Robert, ancien sous-préfet d’Akbou, et alors sous-préfet de Sarlat en Dordogne, mai 1963. Si cette nouvelle phase de massacres ressemble parfois à la situation anarchique de la phase précédente, elle diffère cependant sur un point : la participation active et officielle de la nouvelle armée algérienne (Armée nationale populaire – ANP — issue de l’ancienne armée des frontières) et des forces de police obéissant au nouveau pouvoir dans de véritables rafles, avec des listes de personnes à interpeller, à exécuter ou à emprisonner, ce que confirment les rapports des unités françaises. Quelque 200.000 d'entre eux ont été recrutés par l'armée française, pendant toute la durée du conflit. », L’histoire, n°231, avril 1999, p. 64-67. ; « L’abandon des harkis « , L’histoire, n°102, 1987, p. 30-34 ; « La France a sacrifié ses soldats musulmans », L’histoire, n°140, 1991, p. 122-123 ; « La tragédie des harkis : qui est responsable ? Les mesures financières proposées ont l’avantage pour le Ministre des Armées d’éviter un afflux massif en France : « c’est la meilleure façon d’éviter qu’une masse importante de ces personnels ne décide de venir s’installer en France avec leurs familles, posant ainsi un problème difficile à Monsieur le secrétaire d’État aux Rapatriés, aussi bien qu’à mes collègues de l’Intérieur, des Affaires algériennes et même des Finances », , il est précisé que la procédure de transfert des « éléments harkis » vers la métropole ne concerne que les harkis réellement menacés, Cette politique préalable de limitation volontaire du nombre de transférés est liée à plusieurs considérations. Le terme harka (mot arabe signifiant « mouvement ») désignait les unités supplétives formées à l’échelon des « quartiers », à partir de groupes civils d’autodéfense équipés d’armements défensifs, parfois promus « commandos de chasse ». [43] Selon François-Xavier Hautreux, entre 200 000 et 400 000 hommes ont pu être supplétifs durant la guerre d’Algérie avec des parcours divers au sortir de la guerre. Jean-Charles Jauffret parle de 60 000 à 80 000 morts, , se rapprochant des estimations du général Maurice Faivre d’environ 65 000 morts, . Comment choisir le meilleur extracteur de jus ? La guerre d’Algérie, de la mémoire à l’histoire, Paris, Editions Syrons, 1993. [3] dossier paru dans Le Monde,le 9 juin 2001. Des voix s'élèvent au sein de la communauté harkie pour que la France fasse toutefois un geste supplémentaire, législatif ou financier. Le seul document d’importance sur lequel la majorité des chercheurs s’est longtemps appuyée est la « Note sur les massacres de harkis dans l’arrondissement d’Akbou en 1962 » rédigée en mai 1963 à l’attention d’Alexandre Parodi, vice-président du Conseil d’État, par Jean-Marie Robert, ancien sous-préfet de l’arrondissement d’Akbou au moment de ces événements et alors sous-préfet de Sarlat en Dordogne, qui décrit avec précision le déroulement des massacres dans son arrondissement[12]. Etats récapitulatifs des FSE et FSNA enlevés par le FLN entre le 19 mars et le 1er juin 1962, document du 2e bureau de l’état-major interarmées d’Alger. Quelques pistes permettent d’ores et déjà, et en attendant l’ouverture des archives algériennes sur ce sujet, de consulter, certes de manière encore partielle, des sources de cette violence post-indépendance : les archives locales à l’échelon de la « wilaya » (département), et surtout, les archives privées d’anciens supplétifs installés en France ou demeurés en Algérie, et qui renseignent sur ces violences, en particulier sur l’emprisonnement ou l’internement entre 1962 et 1970. Au total, le nombre de harkis tués après le cessez-le-feu, victimes de représailles, fut estimé selon les sources entre 10 000 et 150 000 morts.
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